jeudi 2 avril 2009

L’homogénéité du groupe classe

Pour continuer sur la notion de groupe, d'individu, d'élève à part entière...

Voici un exemple concret de Jean-Paul Julliand pour vous montrer que c'est un "rêve absurde et dangereux" de vouloir un groupe homogène:

Un moniteur de ski de piste enseigne, souvent, en skiant devant dix, quinze, vingt élèves, qui s’évertuent à le suivre et à l’imiter. C’est du moins le cas des premiers poursuivants. Il est évident que le dernier élève ne voit jamais skier le moniteur.Rapidement, une sélection naturelle place en queue de file le skieur le plus lent ou celui qui tombe le plus souvent. Quel moniteur n’a pas connu la tentation de confier ce « traînard » au cours d’un niveau plus faible de son collègue d’école de ski ? Une tentation très réaliste d’ailleurs, si enseigner le ski consiste à se déplacer d’une piste à l’autre et non à travailler, chacun à son rythme sur une même zone de neige, pour y tenter des apprentissages personnalisés pour chacun.Le gag est connu. Une fois le groupe débarrassé de son premier poids mort, un nouveau retardataire apparaîtra. Jusqu’à présent, celui-ci arrivait à masquer ses difficultés grâce aux chutes de son prédécesseur. Désormais, plus d’excuse possible, il est, à son tour, trop faible pour suivre le groupe.Ce jeu de l’exclusion du plus faible peut continuer indéfiniment ; le « top du top » étant que le moniteur ne soit plus accompagné que d’un seul élève.

Etre accompagné d’un seul élève, ou plutôt, d’une classe n’ayant plus qu’une seule tête, comme à l’armée... Nombreux sont les collègues dont c’est le rêve, parfaitement soutenu et confirmé par tout le discours médiatique et l’essentiel de l’opinion publique.

Course donc vers une homogénéité reposante pour les moniteurs de ski, comme pour les enseignants. Ces derniers, ayant moins de possibilités de se débarrasser des traînards, se livrent surtout à des lamento lancinants : « Trop de différences ! Ils n’ont pas le même niveau !! Comment voulez-vous qu’on travaille ? Les « mauvais » ralentissent la progression des « bons »... »

Et de réclamer -voire d’obtenir- la création de classes spécialisées : pour surdoués, pour dyslexiques, pour sourds, pour débiles, pour agités... que sais-je ?

Pensez vous que cette homogénéité est possible dans une classe? Et est-elle idéale?

Sources: http://www.cahiers-pedagogiques.com

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